Interview de Nina Astruc, créatrice de Encore!

Cette interview est la première, nous l’espérons, d’une longue série! Nous souhaitions vous faire découvrir des profils inspirants de créateur.ice.s, des influenceur.euse.s engagé.e.s qui nous touchent.

Aujourd’hui, nous avons posé nos questions à Nina Astruc, fondatrice d’Encore! afin d’en savoir un peu plus sur son parcours et ses engagements éthiques et/ou écologiques :

Lililotte : Bonjour, pouvez-vous nous présenter votre parcours, ce qui vous a amené à créer votre marque ? 

Nina : Bonjour. Je m’appelle Nina. J’ai été journaliste/reporter dans le secteur du voyage et de la décoration. J’ai eu un rythme dense pendant de nombreuses années, puis un jour j’ai tout arrêté. J’ai passé mon concours pour être professeure des écoles, qui a été par la suite mon métier pendant 8 ans. Cependant, le cadre ne me convenait pas, je voulais enseigner en jouant, ouvrir les murs autour de moi. Pour moi l’école doit être avant tout un bonheur, une joie et je voulais que les enfants apprennent à travers le jeu.

J’ai donc eu le souhait de construire un projet en développant le jeu. J’ai parlé de mon projet à mon mari qui a sauté sur l’idée, il m’a dit “si on se lance, il faut que ça ait un sens, que ce soit fort et prône les valeurs qu’on défend”. Auteur et journaliste spécialisé dans l’environnement, il m’a aidé à remonter les filières, notamment celle du coton bio pour m’accompagner dans mon aventure. A partir de nos échanges, l’idée de l’éco-quartier est née. Nous souhaitions prôner des valeurs écologiques qui s’inscrivent dans le quotidien car c’est par le jeu que les enfants s’approprient les gestes de tous les jours. 

L’aventure Encore! a démarré en 2015. Cela nous a pris un an pour tout monter afin de lancer le site en 2016. Mon mari a repris ses activités de son côté en me laissant les rênes de ce projet. Cela m’a demandé énormément de travail, entre les relations fournisseurs, la création des produits et du site internet : j’étais débordée ! A ce même moment, ma sœur, Fanny, était en transition professionnelle. Je connaissais ses qualités professionnelles et je savais qu’elles étaient complémentaires aux miennes. Elle est devenue mon associée il y a un an et demi et elle fait un travail extraordinaire. Après un temps d’adaptation c’est maintenant une belle aventure fraternelle. Avec Encore! on a voulu faire du mieux qu’on pouvait pour faire de l’éthique et de l’écologique du début à la fin. Ce n’est pas parfait mais on fait le maximum pour.

Plan de l’éco-quartier

Créer une marque de jouets en bois a-t-elle toujours été votre première idée ?  

Oui quasiment, il n’était pas question de faire des jouets en plastique de toutes les façons. Petite fille j’adorais jouer, je me souviens que ma grand-mère avait le souci des beaux jouets et elle nous y a initié. Pour moi un beau jouet doit être fait dans une belle matière, c’est essentiel. 

Quel a été le processus de création pour vos premières pièces ?

Pour la création, on réfléchissait avec mon mari le soir, on bousculait nos idées. On voulait associer un design moderne à l’éco-quartier que nous avions imaginé, d’où le toit plat par exemple. L’éco-maison devait aussi pouvoir se transformer en meuble dans une logique de durabilité. Je me suis inspirée en regardant beaucoup d’images, sur Pinterest par exemple. 

Quelle serait la pièce qui représente le plus votre marque ? 

Une pièce qui représente ma marque, je dirais le triporteur car c’est la notion du transport doux et non-polluant. Il n’y a pas longtemps, on a eu la possibilité de faire de beaux avions mais on a refusé car c’est un moyen de transport qui n’est pas écologique. On avait un super prototype, mais ça n’aurait pas été honnête vis-à-vis de notre clientèle. Donc désolée, mais nos lapins ne prennent pas l’avion, ils font du vélo ! Et puis le vélo a également une histoire dans notre famille car on a beaucoup voyagé à vélo.  Nous sommes aussi les seuls sur le marché à faire un triporteur jouet en bois ! 

Le triporteur

Quelle est en trois mots l’identité de votre marque ? Quelles valeurs prônez-vous/défend la marque ? 

Écologique, éthique et pédagogique. Pour aboutir, chacun de nos produits doit passer ce spectre. 

Pédagogique parce qu’il faut que les enfants aient envie de jouer avec nos créations, il faut que ça ait un sens, que ce ne soit pas vide. Je souhaitais qu’il y ait cette notion d’apprentissage, d’environnement, d’écologie au quotidien et de biodiversité, par exemple avec notre grand arbre (nature, forêt, etc). On joue et on apprend. 

Écologique car nous utilisons les matériaux les plus propres possible, de la matière de nos jouets jusqu’aux étiquettes et emballages. 

Ethique car nos produits sont fabriqués par des artisans au plus près de chez nous, des travailleurs traités dignement et qui ont un salaire juste.

Avez-vous des engagements ou réflexes écolo/développement durable/éthiques au quotidien ?  

C’est drôle, ce midi justement je me suis fait rattraper par ma fille de 8 ans qui m’a dit « Maman tu ne fais pas la vaisselle sèche, tu utilises trop d’eau, il faut en utiliser moins, comme Papa, la récupérer et ne pas la laisser couler ! ». 

Au quotidien on a une seule voiture, on limite. Je l’avoue, on fait du stop, on prend aussi les transports en commun. On fait la vaisselle avec un bloc de savon de Marseille et une brosse écologique. Au quotidien nous faisons des efforts, même si on pense que ça ne suffit plus. Nous sommes dans l’urgence aujourd’hui et je pense que maintenant, il faut taper plus fort. Le végétarisme par exemple, ou alors vraiment réduire les quantités de viande, réduire les trajets en avion par exemple, ne pas avoir peur de dire haut et fort ce qu’on pense pour faire bouger les gouvernements et les politiques.

Quel.le.s influenceur.se.s engagées vous inspirent?

Il y a des blogueuses qu’on adore suivre comme Camille de @merciraoul. Elle est super engagée, elle associe l’écologie à l’esthétisme. C’est très important pour moi car l’écologie doit être une fête. Camille met très bien ce côté esthétique en avant, de manière jolie et très jovial, j’adore ! Il y a aussi Ana de @anagreenbabycircus qui donne de super recettes, entre autres. 

Quelles sont les grandes marques qui vous ont inspirées ? 

Mon mari, Lionel Astruc, a fait un reportage sur les baskets Veja avec Sébastien Kopp et je trouve que cette marque a une super démarche éthique et écologique. Chez Patagonia aussi, leur communication est super d’ailleurs. Ils ont fait une publicité : « N’achetez pas cette veste… Sauf si vous en avez vraiment besoin  », ils ne mettent pas la clé sous la porte bien sûr, mais ils ne poussent pas non plus à la consommation. Ils réparent les vêtements, leurs articles sont durables. Ces deux marques sont pour moi une vraie source d’inspiration. 

Que conseilleriez-vous à un.e jeune entrepreneur.se qui souhaite se lancer ? 

Je lui souhaiterais du courage ! C’est beaucoup d’heures de travail pour des salaires maigres. L’entrepreneuriat n’est pas facile mais ça permet de réaliser ses rêves et ça, ça n’a pas de prix. Alors je lui dirais de foncer, surtout pour améliorer le monde. Mettre par exemple en avant l’artisanat local, développer une entreprise de proximité en valorisant les savoir-faire. 

Quel est le quotidien d’un entrepreneur ? 

C’est marrant, je viens de faire un sujet là-dessus sur mon blog ! Le quotidien, c’est être capable d’être multi-casquettes en fonction des mails, des appels téléphoniques, etc. C’est pouvoir passer d’un sujet à l’autre tout en restant professionnel.le dans tous les domaines. C’est également être le plus scrupuleu.x.se possible et produire la meilleure qualité qui soit dans tous les domaines. 

Par exemple, il faut pouvoir faire un bon service client avec des réponses mails bien rédigées, s’occuper du web-design, être bon en référencement sur notre site internetpuis hop d’un coup les artisans vous appellent car il faut choisir les tissus et les nouveaux produits. Il y a aussi les soucis avec la poste, les relations avec Colissimo. 

Pour ma part, c’est aussi beaucoup d’heures au téléphone avec ma sœur et associée qui vit à Stockholm. On se téléphone sur FaceTime plusieurs fois par jour. Elle travaille sur la partie business plan/comptabilité/suivi des revendeurs et moi sur la partie produit. On a une magnifique complémentarité ! Elle fait vraiment un travail extraordinaire, pourtant ce n’est pas facile de bosser avec sa sœur, je ne voulais pas lui faire de l’ombre et maintenant elle est autant Encore! que moi .

Si vous deviez choisir une personnalité pour représenter votre marque ? 

Et bien je dirais à nouveau Camille de Merci Raoul,  car elle a une vraie démarche qui me plaît beaucoup. C’est une chouette personne.

Des projets pour 2019 et après ? 

Pour 2019, mon souhait serait de continuer à pérenniser Encore!. Une entreprise de jouets ce n’est pas toujours facile, on a la grosse période de Noël mais à l’année il faut pérenniser, trouver d’autres produits et de nouveaux revendeurs. 

On a des projets à la minute mais tous ne sont pas réalisables. On aimerait aller encore plus loin dans la démarche éthique et écologique : 80% des tissus sont certifiés GOTS, le reste est bio mais on voudrait faire plus. 

Pour ce qui est du quotidien, je voudrais faire plus pour l’écologie et le développement durable. On met aussi l’accent sur ces aspects justement pour montrer du doigt les sujets qui sont importants pour nous. J’essaie au quotidien par mes actes et à travers mon entreprise d’inculquer les valeurs qui me sont chères : l’écologique, le partage et la solidarité.

Nina et Fanny

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Mille mercis à Nina Astruc d’avoir répondu à toutes nos questions et de nous avoir permis d’en connaître davantage sur son parcours et son entreprise. Nous espérons que cette interview vous a plu et qu’elle vous aura permis de découvrir la jolie marque de jouets en bois Encore! et ses talentueuses créatrices Nina et Fanny.

Le site de Encore! : www.encorejouets.com

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