Vous vous souvenez de l’interview de Marie, de Marie Youpie? Marie avait cité le label Slow Cosmétique comme un gage de qualité et d’éthique dans le choix de ses cosmétiques.
Nous avons donc souhaitez interviewer Julien Kaibeck, le créateur de cette association qui s’est prêté au jeu de nos questions!
Bonjour Julien, pouvez-vous nous présenter votre parcours et ce qui vous a amené à créer l’Association Slow Cosmétique ?
Cosméticien à l’origine, j’ai commencé ma carrière dans la beauté dite « conventionnelle », entre la Belgique et les USA, et petit à petit, l’écart entre le discours marketing et la réalité des produits de beauté est devenu bloquant pour moi. Au début des années 2000, je ne voyais pas de noblesse ni de luxe dans l’utilisation massive de pétrochimie et d’ingrédients de synthèse (la plupart inertes) pour la peau.
Je me suis alors formé à la bio-esthétique et à l’aromathérapie et j’ai progressivement abandonné mon activité d’esthétique pour convaincre autour de moi de la nécessité de changer de modèle en cosmétique. J’ai créé mon blog Lessentieldejulien pour partager mon savoir et mes convictions, et je suis donc devenu chroniqueur beauté et santé dans différents médias, et notamment à la télévision belge puis française. Inspiré par le mouvement Slow Food® qui avait déjà posé la question de l’hypertransformation des produits dès les années 1980, j’ai imaginé un mouvement similaire pour la cosmétique.
Un livre a d’abord été publié en 2012 puis, en 2013, une association sans but lucratif a été créée pour rassembler des consommateurs actifs autour d’une cosmétique plus saine et plus écologique, mais aussi plus artisanale et humaine. La Mention Slow Cosmétique a été imaginée pour distinguer les marques engagées avec des formules propres ET un marketing raisonnable. Elles sont plus de 200 labellisées aujourd’hui. Puis en 2015, la Marketplace Slow-cosmetique.com a été créée par une start-up partenaire à Roubaix pour permettre aux artisans soutenus de vendre leurs produits en direct et proposer leurs alternatives engagées au plus grand nombre.
Comment vous est venue l’idée de créer cette association ?
Les mots “Slow Cosmétique” ont commencé à être connus suite à la parution de mon livre en 2012. Le concept que j’avais formulé était de consommer moins de cosmétiques, mais mieux en les choisissant pour leur qualité et en faisant la paix avec notre peau. Mon idée était simplement d’être un “lanceur d’alerte” pour inviter les consommateurs à choisir les cosmétiques avec plus d’éléments en main pour discerner le vrai du faux. Les influenceuses engagées avec qui j’échangeais à cette période sur ces thèmes m’ont convaincu qu’une association devait être créée pour diffuser ce message et ces valeurs plus loin, alors c’est ce qu’on a fait.
Pouvez-vous nous présenter l’équipe de la Slow Cosmétique ?
L’Association Slow Cosmétique a un bureau assez restreint, comptant deux administrateurs (dont moi-même) et une salariée, qui est aussi la coordinatrice générale : Constance Sycinski. En plus de ces membres permanents, l’Association vit et grandit grâce à ses nombreux bénévoles qui diffusent notre message et nous aident à animer des événements un peu partout en francophonie. Notre Association compte également depuis fin 2019 des membres d’honneur qui composent le Comité des sages. C’est un groupe d’experts issus du monde de la cosmétique, de la communication ou du développement durable, et engagés pour l’environnement. Notre Association vit enfin dans le monde physique grâce des partenaires (points de vente physiques ou animateurs d’ateliers DIY), qui valorisent les marques labellisées Slow Cosmétique et les valeurs du mouvement.
Quelle est en 3 mots l’identité de votre association ?
S’il faut résumer notre identité en 3 mots, je choisirais : engagement, écoresponsabilité, humanité.
Quelles valeurs défendez-vous ?
La Slow Cosmétique souhaite une cosmétique écologique, saine, intelligente et raisonnable. Le principe essentiel, c’est de consommer moins mais mieux, avec des produits plus simples, plus nobles et artisanaux, et de façon éthique et raisonnable. Nous remettons l’artisanat et l’agriculture au centre de la cosmétique et rappelons que la peau est un organe vivant et sensible. Mais surtout nous invitons à une approche apaisée de la beauté : la peau n’est pas une ennemie et la perfection n’existe pas donc à nos yeux, un cosmétique ne doit pas être anxiogène ou nous faire de fausses promesses, ni être vendu une fortune si le contenu ne le justifie pas.
Nous avons ainsi conçu 4 piliers complémentaires comme bases de notre action et du label Slow Cosmétique, et aucun des piliers ne peut exister sans les autres. C’est l’ensemble de ces 4 piliers qui fait notre spécificité dans le secteur cosmétique, là où les regards se concentrent souvent uniquement sur les ingrédients. Nous sommes les seuls à poser la question du sens et à examiner le marketing des marques, leur allégations et leurs positionnement prix.
Quels sont les critères pour obtenir votre label ?
La Mention Slow Cosmétique® est attribuée lorsqu’une marque répond à une majorité de critères qui découlent de la Charte officielle de la Slow Cosmétique, reposant sur 4 piliers :
– cosmétique écologique
– cosmétique saine
– cosmétique intelligente
– cosmétique raisonnable.
Les critères et la méthodologie sont détaillés ici sur le site de l’Association, et impliquent un examen approfondi à la fois par le bureau, par des jurés experts bénévoles et par le public.
Quel a été le processus pour attirer les premières marques à adhérer à votre label ? Avez-vous une enseigne coup de cœur ?
En 2013, les premières marques labellisées l’ont été à la façon du Guide Michelin : elles ne savaient pas qu’elles étaient examinées, puis nous les avons contactées pour les informer qu’elles venaient d’obtenir la Mention Slow Cosmétique et leur expliquer ce que signifiait cette récompense bénévole. Parmi les tout premiers lauréats en 2013, il y avait la marque de maquillage Boho Green Make-up, la distillerie auvergnate De Saint Hilaire, Fun’Ethic, Gaiia ou encore Lamazuna. Impossible de sélectionner un coup de cœur parmi eux, ils sont tellement différents !
À quelle fréquence recevez-vous des demandes d’adhésion à la Mention Slow
Cosmétique® ?
L’Association reçoit entre 3 et 5 demandes de marques intéressées par la Mention chaque semaine. Certaines marques sont en cours de création, d’autres bien installées, mais on voit bien que le secteur de la cosmétique green et engagée est en plein boom ! C’est plutôt bon signe côté fabriquants/industriels, même si on voit du coup arriver des acteurs engagés seulement en façade, ceux-là ne pourront évidemment pas obtenir la Mention.
Si vous deviez choisir une personnalité (célébrité) pour représenter votre association, laquelle serait-elle ?
Un choix est toujours difficile… Notre mouvement a souvent des marraines pour ses actions, comme Flavie Flament ou Tatiana Silva qui ont déjà affiché leur soutien à nos valeurs, mais notre Asso n’a pas vraiment de personnalité « chouchoute ».
Que conseilleriez-vous à un(e) jeune entrepreneur(se) qui souhaite se lancer ?
Si c’est une marque de cosmétique, de garder la Charte Slow Cosmétique sous les yeux pour s’en rapprocher le plus possibles (rires). Je pense vraiment que la Slow Cosmétique est l’avenir de la beauté, et les faits ont plutôt tendance à me donner raison jusque là donc ceux qui adhéreront à ces valeurs ne peuvent pas se tromper.
Quel est le quotidien d’un entrepreneur ?
Je ne sais pas si diriger une association et un mouvement compte comme de l’entrepreneuriat, mais il est évident que le quotidien est plutôt chargé ! Il faut avoir la tête dans tous les sujets, garder l’oeil sur le marché et ses actualités, et savoir saisir les opportunités quand elles se présentent pour avancer dans la direction qu’on s’est fixée. Tout un programme!
Des projets pour 2020 et après ?
Faire grandir toujours plus la Slow Cosmétique! Toucher les publics qui ne s’interrogent pas encore sur leurs gestes de consommation à la salle de bain et les amener vers nos artisans labellisés. Continuer de faire bouger les lignes du secteur cosmétique pour obliger les géants à entendre les attentes des consommateurs que nous sommes et à s’engager vraiment. Changer le monde en fait hahaha 😉
Suivez-vous des influenceurs/blogueurs qui vous inspirent ?
Aline du blog Consommons Sainement, qui incarne vraiment bien l’engagement global que nous portons, à la fois minimaliste et écologique, mais aussi sensé et raisonnable, à la salle de bain mais aussi dans tous les aspects du quotidien.
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Mille mercis à Julien d’avoir répondu à toutes nos questions et de nous avoir permis d’en connaître davantage sur le fonctionnement d’une Association et la mise en place d’un label. Nous espérons que cette interview vous a plu et qu’elle vous aura permis de découvrir ce label éthique et responsable.
Le site internet: www.slow-cosmetique.com
Instagram: @slowcosmetiqueofficiel
Et la semaine prochaine, on vous dévoile la suite de la collection Printemps-Été 2020 Lililotte, des idées sur ce prochain thème ? 😉